Lorange,
c'est vrai que le sujet de l'allumage est passionnant, mais pour faire un article complet et bien structuré, il faut du temps et argumenter un peu, en tout cas beaucoup plus que ce que j'ai écrit ci-dessous...
Bref!
J'essaierais de te répondre cette semaine sur tes condensateurs de carte (sauf si Bisnouk me grille) car j'ai retrouvé le plan d'un circuit dont le module de sortie ressemble vaguement à celui de ta photo.
Feub,
qu'il s'agisse d'un rupteur transistorisé ou d'un allumage électronique intégral prenant en compte le cliquetis, la pression atmosphérique, la densité de l'air ou que sais-je encore, ça ne change pas grand chose...
Quelques éléments à ce sujet en attendant.
J'ai retrouvé ce fichier dans mon fouillis ; bon, c'est de la bonne mesure de gros cochon, pas vraiment destinée à finir en ligne (je sens que Bisnouk va rouspéter
![Confused :-?](./images/smilies/icon_confused.gif)
) : paramètres de sonde pas saisis (donc faut multiplier par 10 les tensions du graphique) + impédance des câbles et capacité d'entrée de l'oscillo négligées, mais ça donne déjà une idée de ce dont une bobine est capable.
Pour les amateurs du genre, il s'agit d'une petite bobine de relais (en cm, elle mesure à peu près 2x2x2) alimentée normalement en 220 V, d'une inductance d'environ 0,35 H (soit 35 fois plus qu'une bobine d'allumage) pour une résistance d'environ 500 ohms.
Alimentée par une pauvre pile de 1,5 V de type AA (et pas au mieux de sa forme en plus) la surtension à ses bornes atteint environ 165 V lors de la rupture (quand je ne la foire pas, cette rupture, ainsi que le graphe d'ensemble situé en bas à droite de l'écran le montre, car là, je l'ai fait vite fait à la main, donc une partie de l'énergie s'est déjà dissipée sur la forme d'une micro étincelle
![Twisted Evil :twisted:](./images/smilies/icon_twisted.gif)
) soit environ 340 V de crête à crête. La surtension oscille ensuite avec la capacité propre de la bobine et celle de l'oscillo, le tout à une fréquence d'environ 30 KHz, ce qui veut dire qu'une période (le temps qui sépare deux oscillations) dure environ 33 µs (millionièmes de secondes).
Les oscillations s'amortissent classiquement par effet Joule ainsi que par les pertes inhérentes à son noyau ferromagnétique au bout de 2 millisecondes environ.
![177.jpg (283.67 Kio) Vu 7105 fois Bobine de relais.](./download/file.php?id=15771&t=1&sid=3a61bedcee234ebf52c355d030ad1062)
- Bobine de relais.
C'était pour situer les idées mais on imagine, avec des bobines survitaminées et/ou des intensités importantes et proprement interrompues, ce que doit encaisser l'isolement si la surtension de rupture est mal gérée.
Le schéma suivant montre un exemple de rupteur transistorisé.
Quelques explications sur le fonctionnement :
lorsque le rupteur est fermé, la base (B) du transistor est le siège d'un faible courant (une poignée de milliampères) ; le courant passe alors librement dans la jonction collecteur (c) émetteur (E) et le primaire de bobine (sur le schéma, la plus petite des bobines accolées) peut se charger.
En principe, avec une résistance primaire bobine de l'ordre de 4 ohms sous 14 V, le courant s'établit à environ 3 ou 4 A en quelques ms (millisecondes) ;
le rupteur s'ouvre. On constate qu'il suffit d'interrompre un courant de quelques milliampères sous 14 V au lieu de 3 ou 4 ampères suivis d'une surtension de 300 V, ce qui serait le cas si le rupteur commandait la bobine en direct, d'où une usure quasiment nulle du rupteur, ce qui est le gros avantage de ce système.
Bisnouk évoquait dans un autre post une pente de rupture de l'ordre de la milliseconde pour un rupteur mécanique pour un temps de l'ordre de la microseconde pour une rupture purement électronique. Je n'ai pas vraiment comparé les deux systèmes, mais cet ordre de grandeur paraît cohérent ; là, avec un faible courant à rompre mécaniquement et une bonne électronique derrière, le temps de coupure doit être au moins divisé par 100 avec un rupteur transistorisé, ce qui est le deuxième avantage du système.
A l'ouverture du circuit, la polarité du transistor bascule et celui-ci se bloque ; le passage du courant émetteur/collecteur s'interrompt, probablement en quelques dizaines de ns (avec 1 ns = 1 milliardième de seconde) pour la réponse de l'électronique ;
la surtension dans la bobine commence alors à s'établir. Le "passage " émetteur/collecteur étant condamné (un transistor de puissance adapté peut tenir une tension de 1 000 V et interrompre une petite dizaine d'ampères) il ne reste plus au courant que le circuit R2 et diode Z pour passer ;
la diode Z est particulière : il s'agit d'une diode inverse. La flèche du schéma indique le sens du courant direct. Mais là, elle est montée de telle sorte qu'elle s'oppose au courant provenant de la bobine. Elle est choisie de telle sorte qu'au-delà d'une certaine tension, elle laisse brutalement passer le courant (claquage dit par avalanche, parfois appelé, pour certaines d'entre elles, par effet Zener). En fait, elle agit de la même manière que le ferait en hydraulique un ensemble clapet + ressort taré. Ce petit circuit limite donc la tension à une valeur d'environ 300 V en laissant la surtension s'écouler, non pas via les capacités parasites de la bobine, ce qui la ferait grimper probablement au delà de 1 000 v, mais via la masse.
On a donc une alternative au condensateur qui lui, stocke l'énergie alors que la diode écrête. Dans les deux cas, on protège la bobine et, dans le cas du rupteur transistorisé, on protège le transistor si on a visé un peu court pour sa tenue en tension.
Mais là encore, si le circuit gérant la surtension est défectueux, les mêmes causes produiront les mêmes effets si le transistor s'obstine à ne pas claquer : arcage interne au primaire de la bobine et ratatouillis à l'allumage.
Donc ma demande d'essais de l'autre jour tient toujours.
Commentaire : on garde le rapport cyclique (angle de came) d'un rupteur classique, soit :
145° pour une 2 CV (120° pour une Panhard
![Very Happy :D](./images/smilies/icon_biggrin.gif)
)
57° pour un 4 cylindres
38° pour un 6 cylindres
29° pour un 8 cylindres
Conclusion : même s'il y a de l'électronique dans le texte, on garde sa bonne vieille bobine de 3-4 ohms de résistance interne qui va tirer ses 3-4 A et
on ne monte pas une bobine destinée à être gérée électroniquement qui, avec son bon demi ohm, va tirer allègrement ses 20-25 A en quelques ms et ... griller dans le quart d'heure qui suit.
Pour le fun, si j'avais à partir loin avec un V 8, je rechercherais un tel montage. Oh c'est sûr, il ne gère pas une floppée de paramètres comme les allumages d'aujourd'hui, donc le moteur va polluer plus et consommer (un peu) plus.
Mais si la courbe d'avance se développe correctement (masselottes pas grippées) et si l'avance à dépression est en état (prise de dépression pas percée ni bouchée) on a une étincelle propre et qui jaillit à peu près au bon moment (en bref, un allumage qui fait son boulot) et un rupteur qui va durer des dizaines et des dizaines de milliers de km sans se dérégler.
Et en cas de pépin électronique au milieu de nulle part, avec un bout de fil et trois bouts de scotch on peut, en neutralisant le module, remonter la chose à l'ancienne et, en remettant un bon vieux condo (de la taille d'une pile AA) histoire de ne pas fumer la bobine en deux heures, on peut rentrer à la maison.
Avec un capteur moderne en rade au bout du monde, essayez donc de la jouer ainsi...
C'est bien tout le problème de ce qui se fabrique aujourd'hui à grand renfort de métaux nobles, de terres rares et de matière grise : c'est de la haute précision, c'est que du bonheur à regarder fonctionner, mais le jour où ça foire, mieux vaut ne pas être trop loin d'un (bon) camion atelier.