On parle donc de mécanique avec un grand M...
Aléser manuellement était un travail réalisé couramment dans les garages jusque dans les années 60... Il suffit d'étudier le détail des dictionnaires de réparation des véhicules de l'époque pour comprendre que n'était pas mécanicien qui veut.
Ce métier nécessitait un coup de patte et un entraînement certain ; certes, les tolérances (because les vitesses et les charges) étaient aussi plus confortables, mais on (les intellos ou qui se prétendent tels) a surtout fait des choix de société en considérant que ces métiers pouvaient être confiés à des gens ni très malins, ni très adroits, d'où la situation actuelle...
Sur la déformation au remontage : il y a un risque, mais il est minime. Perso, je travaille avec un petit maillet en bois dur (la masse de l'outil, sa matière et son équilibre sont déterminants). Je présente minutieusement la pièce et je l'engage avec des tapotements presque imperceptibles et, surtout, je vérifie au réglet (appréciation du dixième de millimètre) qu'elle est correctement placée avant de l'enfoncer, sans chocs si possible, ce qui veut dire presse à vis (sur véhicule, c'est boulon + plaques d'appui) ou presse hydraulique si l'organe est déposé.
J'ai monté un paquet de joints et de paliers ainsi, en vérifiant l'enfoncement préalable au réglet, au trusquin ou au comparateur. Jamais eu de soucis, même si, au début, j'y croyais pas trop.
C'est long, assez flippant et ça demande de bien sentir les choses. Un mandrin fait la même chose, sans stress, rapidement et n'exige pas de coup de main particulier. C'est la seule différence et, sur un forum tel que le nôtre, je pense que c'est justement cette différence qui fait tout.
Dans ton cas, tu pourrais toujours tronçonner ton arbre à cames actuel pour t'en servir de tampon de pose si tu crains vraiment d'ovaliser le palier au montage.
Oui, trouver un bon atelier spécialisé n'est pas évident. Dans ma région, il y a beaucoup d'industries et donc on a un savoir faire encore pointu par endroits.
Il est également possible de se servir d'une règle d'ajusteur pour vérifier l'alignement actuel des paliers. Là encore, il faut un sacré coup d’œil pour la placer dans le carter, surtout si le moteur n'est pas déposé. Mais ça se fait, notamment en appréciant l'épaisseur du rai de lumière passant entre la règle et l'alésage. Les bons ajusteurs utilisaient cette méthode, qui permet, un peu concentré, d'apprécier le 1/100 ème de millimètre...
Sur la dépose des coussinets, il est toujours possible de travailler à la meuleuse à main (Dremel) après avoir bouché soigneusement les orifices sensibles. Une fois la pièce affaiblie par meulage dans son alésage, elle sort avec un pointeau.
Là encore, il faut des doigts de fée, mais ça se fait. Je sors les paliers et les frettes récalcitrants (les sortir à la presse arrache la matière sur l'arbre, surtout pour les frettes montées à chaud et, donc, cette pratique est à éviter) de cette manière et je n'ai jamais abîmé quoi que ce soit.
Pour l'alignement des trous de passage d'huile, repères au Blanco, soin et temps. Pas d'autre méthode...
Sur les règles de l'art, c'est effectivement toute la question. Perso, faire des impasses alors que tout est déposé au motif que ça va être super chaud question manips et adresse, je sais pas trop faire : j'aurais le sentiment d'avoir reculé devant un obstacle...
Mais c'est très personnel, en effet : je sais bien que je vis dans un système de valeurs qui n'a plus cours aujourd'hui!
Sur les usures inégales des paliers, je pense plutôt qu'elles sont imputables à une lubrification qui tarde à monter en pression au démarrage du moteur ; les pièces sont mal lubrifiées pendant un cours instant ce qui fait qu'à la longue, l'usure finit par faire son œuvre. Les paliers proches de la poulie d'entraînement étant plus sollicités...
C'est pire sur les arbres à cames en tête, placés très haut par rapport à la pompe à huile, ce qui retarde l'établissement d'une pression suffisante. Je me demande comment ce problème a été géré avec la généralisation du stop and start de nos beaux moteurs contemporains...
Concernant les restrictions d'accès à l'outillage dans ta crèmerie, je vois que les gestionnaires et managers modèles sont aussi passés par là : il fut un temps où l'expertise individuelle des « collaborateurs » était favorisée, voire galvanisée grâce à une mutualisation des outillages et des savoirs, même sur des sujets parfois « annexes ». Certes, déontologiquement, il fallait savoir tracer une limite, mais de là à tout boucler, il y a quand même une petite nuance, qui échappe sans doute aux obsédés de la gestion du temps et des hommes.
Nostalgie, comme tu dis.