Molusk a écrit : le client t'oppose une obligation de résultat
Tout est dit.
Certes, le monde est ce qu'il est et le point de vue que tu exprimes peut être assimilé à celui du pro.
Pour autant, le propos ne fait pas avancer le Schmilblic car il ne dit rien sur le rapport sous-jacent, qui ne tombe pas du ciel, ne l'oublions pas : dans mon monde, opposer à quelqu'un une obligation de résultat n'est pas une stratégie, mais un signe de médiocrité et d'ignorance présidant à l'installation d'un rapport de forces dont il ne sortira rien, à part un perdant et un gagnant.
Approche qui ne tombe pas du ciel non plus, mais porte un éclairage intéressant sur qui est du bon côté du manche.
En d'autres termes, le rapport dont je parle n'est ni économique, ni technique, c'est un rapport social, assimilable à la position d'un juriste qui n'a jamais tenu une truelle ou une clef de 13 de sa vie et pour qui la technique est un monde sale et hostile, limite dégradant.
Personne ne va se soucier de la manière dont la personne à qui on a imposé une obligation de résultat va s'en sortir et ça arrange bien tout le monde qu'il en soit ainsi. L'économie moderne est construite sur ce socle, porté par les grands stratéguerres du management, payés à prix d'or pour porter un discours qui a rencontré un certain succès, notamment parce qu'il il évite à ceux qui ont en charge le dit management d'accumuler une masse de connaissances (telle était la dure réalité du commandement par les tâches) que leur petit cerveau serait bien incapable d'assimiler vu la complexité grandissante du monde moderne.
Charité bien ordonnée (le manager n'est pas plus courageux que le managé) commence par soi même (pas de bol pour le managé, c'est pas lui qui a le choix des armes) comme dirait l'autre.
Si les clients, comme tu dis, avaient la moindre idée de la réalité qui se cache derrière leur voiture où n'importe quel objet d'ailleurs, les choses se passeraient différemment. Mais combien de clients ont cette approche et surtout ce souci de comprendre l'autre et son sujet?
Tout ça pour dire que le couplet « les gens sont plutôt mauvais (disons que leur consentement à payer ne les porte pas spontanément sur ce genre de dépenses) et j'ai une boutique à faire tourner » n'est pas très passionnant en tant que tel. Ce qui m'intéresse, en revanche, c'est pourquoi on en est là et surtout, comment faire évoluer les choses. Pour autant, je comprends de ton propos qu'à un moment où à un autre de ta carrière, tu as essayé de la jouer honnête et que tu t'es pris une tôle, ce qui t'amène à réagir ainsi aujourd'hui.
Je pourrais aussi te dire que tu n'as pas su faire la part des choses à ces moments décisifs et qu'aujourd'hui, par réaction prenant très souvent la forme d'un pragmatisme affirmé, tu considères cette manière de voir comme une utopie, ce qui revient pour moi à confondre la cause et l'effet.
Mais là n'est pas le propos.
Ce forum est un lieu où l'on commence à rentrer dans le détail des choses et j'ai la faiblesse de croire que c'est de nature à permettre aux membres de cette communauté de porter un autre regard sur ces objets apparemment anodins qui nous entourent, sur la technicité et les connaissances que cela requiert et aussi sur le rôle que peuvent jouer les professionnels qui aiment ce qu'ils font et dont le système de valeur n'est, pour certains, pas si éloigné des valeurs que porte ce forum.
Je pense même que certains pros peuvent s'enrichir au travers de nos échanges, voire y trouver une certaine motivation pour continuer d'exercer.
Ce forum est un lieu où on arrête de fantasmer pour se confronter à la réalité technologique du moment et à la dimension économique qui l'accompagne ; c'est par là que passe la construction du rapport de confiance dont tu parles. Mais cette démarche nécessite un effort, une prise de risques.
Qui décide de faire le premier pas, de prendre le premier risque, toute la question est là, justement.
J'ai longuement hésité à répondre ce que j'ai répondu à Titou. De peur de l'agresser, lui qui avait fait l'effort d'exposer son problème et qui, maintenant, se retrouve avec un problème financier compliqué à régler, a certainement envie d'entendre autre chose que « tu t'es planté, mon gars ».
Depuis le temps que je claviarde sur ce forum, je pense que les gens ont compris que ce n'était pas mon truc de planter quelqu'un, mais plutôt d'essayer de pointer ce qu'on pourrait faire pour dresser un constat objectif et trouver les moyens d'avancer, ce qui n'a rien de simple non plus.
Sauf à faire partie du club des consuméristes effrénés, auquel cas, y a rien à faire, hormis payer.
Merci, Titou, de m'avoir donné raison. Et tu peux compter sur moi si tu as besoin d'autres biscuits.
Je comprends de son propos qu'il a retiré des échanges de quoi instaurer un dialogue plus construit avec son garage, ce qui va sans doute amener ses interlocuteurs à plus d'empathie, autrement dit moins de méfiance, plus de confiance, parce qu'ils auront compris que leur client s'intéresse à ce qu'ils font, respecte leur travail et, corollaire, est parfaitement capable de faire la part des choses, ce qui sous-entend notamment obtenir la prestation dont il a besoin au prix qu'elle mérite, ce qui n'est pas si difficile à déterminer si on regarde les choses de plus près.