Je ne sais pas si cette question de l'accouplement BV/BT des Td4 est si complexe à arbitrer qu'on pourrait le penser. J'écris cela parce que le propos de Bisnouk, qui fait peut-être partie de la majorité silencieuse, confirme les doutes que j'ai systématiquement face aux montages dits « d'amélioration »...
Dans ce cas de figure, il faudrait comparer ce qui est comparable avant d'opter pour une position arrêtée. Le problème est qu'en pratique, on ne dispose jamais de biscuits un tant soit peu sérieux pour se livrer à une analyse un peu fouillée du problème.
Pour autant, au plan strictement mécanique :
- les ingénieurs qui ont opté pour ce montage ne sont pas des néophytes : s'ils l'ont adopté, c'est qu'ils ont estimé qu'il était viable compte tenu des sollicitations pour un véhicule de ce type ;
- ce montage existe sur d'autres applications, notamment agricoles.
En deux mots, ce truc-là ne tombe pas du ciel.
Après, se pose le problème de l'alignement des pièces, en l'espèce, des deux boîtes. Certes, il y a des tolérances d'usinage, mais si on arrive en limite des cumuls de tolérances, il peut se passer des choses...
L'avantage que je vois au montage d'origine, c'est qu'il autorise un angle de rotulage, infime, mais réel. Ce rotulage, qui peut justement devenir significatif si on se situe aux limites des tolérances, est repris par le jeu interne des cannelures de la noix.
Noter que la noix en question est parfaitement encastrée sur l'arbre de la boite de vitesses, ce qu'a confirmé Escanogat lorsqu'il a fait appel à l'extracteur hydraulique Facom U33, qui crache 30 tonnes de poussée théorique.
Par contre, d'après ses photos, l'extracteur à branches utilisé ne reprend que 6 tonnes.
En clair, avec le coup de lampe à souder, la noix doit venir sous un effort de 3 à 5 tonnes, ce qui correspond probablement à un effort de serrage au montage de l'ordre de deux ou trois tonnes.
Très chiant quand il faut extraire la pièce sur le véhicule mais pas si délirant que ça du point de vue du calcul d'un assemblage que l'on veut totalement solidariser à un arbre d'entraînement.
S'il y a rotulage, cela crée une usure au sein de la noix,
au niveau de ses cannelures, pas sur l'arbre.
Ce qui me fait tiquer avec le montage de remplacement, c'est la longueur de la vis. Le manchon cannelé se trouve précontraint sur l'arbre de la BV par la tension de la vis et le rotulage va se faire grâce à l'élasticité de pièces plutôt élancées et non massives comme dans le montage d'origine.
Sur le papier, cette solution peut faire l'affaire. Par contre, si on tient compte de ce que l'on appelle des déformations de deuxième ordre des pièces (flexion de la vis et des filets, compression du manchon et de l'arbre, fluage/relaxation de la vis) je le sens beaucoup moins bien, notamment parce que cela crée des micro-mouvements dans les zones de contacts des pièces, donc de l'usure, donc du jeu.
On peut de faire une idée assez précise du fonctionnement d'un tel système — par ailleurs soumis à des efforts ondulés ou alternés qui corsent encore un peu plus l'affaire — mais cela requiert une modélisation très fine assez coûteuse à réaliser. Ce que les accessoiristes et préparateurs ne prennent généralement pas le temps de faire, tout simplement parce que le rapport coût/avantage de ce genre de manip est calamiteux.
Il est possible qu'avec le montage de substitution, le jeu atteigne les arbres eux-mêmes, qu'il faudra alors remplacer si l'usure finit par les mettre hors tolérances. Ce qui signifie démontage complet d'au moins une boîte, peut-être les deux.
Et là, ce n'est plus la même chanson en termes de technicité, de temps et de pièces.
En résumé, avant de se lancer dans un montage dont le fonctionnement mécanique correct de long terme me semble pour l'instant très théorique, il serait intéressant que trois questions fassent déjà l'objet de réponses précises, l'objectif étant de se faire une idée du contexte dans lequel le remplacement de l'accouplement est intervenu :
- quel est la qualité de l'alignement réel des deux boîtes? Cette mesure est extrêmement difficile à réaliser et c'est par un examen attentif de l'usure des pièces qu'on se fait une idée de la qualité originelle de l'alignement ;
- le moteur a-t-il été préparé et si oui, que sort-il maintenant? Car, comme dit plus haut, si on augment significativement le couple moteur, les efforts dans la chaîne cinématique ne sont plus les mêmes et, donc, on rompt un ou plusieurs équilibres. La question est alors de savoir lesquels sont rompus et au bout de combien de temps le ou les défauts vont se manifester. En outre, l’expérience montre que ceux qui veulent des Watt ne sont généralement pas des dentelières en termes de conduite, ce qui complique encore les choses
;
- enfin, et ce point concerne également les Land d'ancienne génération, les embrayages et changements de rapports nécessitent une certaine dextérité pour ne pas faire « claquer » la transmission. Tout claquement équivaut en effet à un choc et tout choc équivaut à une dissipation d'énergie par contact brutal des pièces, notamment des cannelures, donc c'est soit de l'usure, soit de la déformation irréversible.
Voili, voilu.