LØLØ,
ta réponse met (enfin) un terme à mes interrogations sur ce montage, notamment la présence d'un dispositif de blocage de l'arbre de pompe...
Et comme tout ça est, d'un coup, devenu bien plus clair dans ma tête j'ai essayé, comme bien souvent, de me glisser dans la peau des concepteurs de ce système.
Ça commence avec la photo de la bride en question tirée de ton lien :
Dans mon monde, le positionnement correct de cette bride appartient au domaine des diésélistes, non à celui des mécaniciens ; en d'autres termes, la manip consiste à piger la pompe et non à la caler. La conséquence immédiate et pratique est que la procédure de calage est documentée par le constructeur du moteur (Land Rover) alors que la procédure de pigeage interne est documentée par le constructeur de la pompe (Bosch).
Le cas est intéressant vu que les Bosch, contrairement aux Rotos, ne se pigent pas. C'est du moins ce que je croyais jusqu'à présent.
En réalité, c'est faux dans le cas du Land et c'est précisément ce que ton propos vient de m'enseigner.
D'où l'intérêt des Fora dignes de ce nom, est-il encore utile de le rappeler...
La nuance est de taille, car le pigeage se fait impérativement à l'établi, pompe déposée, alors que le calage s'effectue directement sur le moteur.
Ayant, dans ma jeunesse, mis les pattes dans le métier de diéséliste aux côtés d'un vieux maniaque, aussi féroce avec les bleus que compétent et carré dans son discours, j'en ai retiré quelques rudiments (de nos jours, on dirait plutôt quelques séquelles, car l'animal n'était sans doute pas loin de faire dans le harcèlement

) ...
Je subodore en particulier que ce pigeage ne se fait pas à l'arrache. Pour être encore plus précis, je pense que les choses doivent se dérouler à peu près comme suit :
- la pompe est d'abord calée au comparateur (1,54 mm de course ascendante au piston d'injection dans notre cas) ;
- elle est immobilisée en rotation via le dispositif de blocage de l'arbre. Lequel doit être serré, léger, léger
;
- on place ensuite la bride sur l'arbre en la pigeant (avec une pige comme sur la photo) ;
- on immobilise ensuite la bride dans un montage spécial dont le but est de ne pas faire transiter le couple de serrage par la pige de la photo ou, pire, par le système d'immobilisation de l'arbre de pompe ;
- on serre au couple (qui doit être balaise vu l'enjeu d'immobilisation des pièces au moyen d'un simple cône) l'écrou maintenant la bride sur la partie conique de l'arbre ;
- on libère la bride de son montage et on vérifie que le pigeage interne est toujours bon, ce qui doit être le cas si on suit la logique que je viens d'esquisser.
Une fois la pompe pigée et la bride correctement serrée au couple, on peut tranquillou la remonter sur le moteur selon la procédure habituelle et terminer le réglage de la courroie par ajustement angulaire du pignon d'entraînement sur ses boutonnières.
Tu vas sans doute me dire que c'est de la

mais je suis persuadé que tout est fait, lors des opérations de pigeage interne de la pompe, pour éviter de forcer sur les pièces lors du serrage. En l'espèce, une pige comme celle de la photo ci-dessus n'a absolument pas pour objet de bloquer des pièces en rotation (risque de déformation de la pige — ou de son appui dans le carter en alu de la pompe — d'où apparition d'une erreur systématique de calage) et, en ce qui concerne le système de blocage de la pompe, si on serre trop, on risque de plier l'arbre de la pompe (ou de trop forcer sur le palier) ou, si on ne serre pas assez, l'arbre va tourner lors du serrage ce qui va avoir pour conséquence immédiate de le fragiliser à la fatigue en créant une rayure et, par la même occasion, de balancer de la limaille dans la pompe.
Dans les deux cas, le risque est de voir des emmerdes apparaître assez longtemps après l'intervention.
Avant de te lire, je pensais que le logement de la clavette sur l'arbre avait été usiné pile au bon emplacement (et ce d'autant plus que l'arbre et le plateau à cames sont usinés dans le même bloc ce qui, dans mon esprit, rendait la manip possible en usine) et que la bride tombait nécessairement à la bonne cote (les pompes sont généralement usinées au µm) afin d'obtenir une levée du piston d'injection de 1,54 mm. En fait, il n'en est rien et Bosch a prévu un montage à pigeage interne, d'où ce fameux dispositif d'immobilisation de l'arbre de pompe dont l'objectif, à mon sens du moins, est de conserver la levée de 1,54 lors des manips intermédiaires en bloquant
légèrement la rotation de la pompe ce qui, à contrario et au risque de me répéter, revient à dire que ce
dispositif n'a en aucun cas pour objet d'encaisser le couple de serrage/desserrage de l'écrou de bride.
Il résulte de ce qui précède que, contrairement à ce que j'ai souvent lu ici et là (propos dont je n'avais d'ailleurs jamais compris la motivation) il est inutile d'immobiliser la pompe en rotation tant qu'on ne touche pas à son pigeage interne. Autrement dit, ce système de blocage est réservé aux diésélistes.
Du coup, le changement de levée du piston de pompe (moteurs équipés ou non d'EGR) nécessite impérativement de re-piger la pompe à la nouvelle levée de cette façon.
Sachant que je reste persuadé que les lois d'injection des deux moteurs sont différentes, autrement dit que les profils des plateaux à cames le sont également.
Voilà ce que ton retour d'expérience m'a inspiré...
